Michel de Hemptinne 1930 - 2007

En 1930, la famille de Hemptinne est installée en Indonésie où le père dirige une plantation d’hévéas, l’arbre à caoutchouc… prémonitoire pour un futur pneusard.
C’est là que naît Michel, le 15 juillet 1930.

Michel de Hemptinne entame sa carrière de marin dans les années ’60.
Il sillonne la Grèce, la mer Egée, la mer Ionienne, le Péloponnèse, l’Adriatique et la Yougoslavie
Il traverse la Manche et navigue en méditerranée.
Il découvre la Mer de Marmara et les côtes turques… Istanbul et le Bosphore.

1971 Bruxelles – Antalya
Avec « Ulysse », un Zodiac Mark V (5.80m x 2.40m), motorisé par un 60 cv Johnson, un réservoir fixe de 160 litres et quelques réservoirs souples, il quitte le BRYC à Bruxelles et rallie Antalya, en Turquie, via les canaux français et la Méditerranée, sans sponsor et avec comme équipier Paul-Michel Hervy, photographe, 22 ans, sans aucune expérience de la mer.
Après une longue et paisible navigation au fil des eaux intérieures belges et françaises, ils atteignent la Méditerranée. Côte d’azur, Ile d’Elbe, côte italienne, remontée délicate du Tibre jusque Rome, Naples, les îles Lipari avec le Stromboli, Messine puis traversée de 27 heures vers la Grèce jusqu’à Patras. C’est ensuite, le canal de Corinthe et le dédale des îles du Péloponnèse. Après Rhodes, la côte turque, Marmaris et, après 3 mois de navigation et 5.500 km, Antalya.
Au fil des ans et des voyages, M. de Hemptinne deviendra, après Bombard, un des grands spécialistes du pneumatique dans le monde.

 

1973 Islande - Norvège
« Ulysse » emmène notre aventurier pour un raid ralliant Reykjavik (Islande) à Bergen (Norvège) qui lui fera goûter au climat « pré-arctique ».
Deux bateaux cette fois… Ulysse Zodiac MKV GR, que nous connaissons déjà et le « Raz-le-Bol » un Zodiac MKV HD. L’équipage de Ulysse est composé, en plus de Michel, de Ciccio (Francesco Costanzo), et de Louis Claus. Celui du Raz-le-Bol, de Massimo Maggia, le capitaine, et de deux belges, Charles-Albert de Lantsheere et Nicolas de Halleux.
L’expédition quitte Anvers le 11 juillet à bord d’un cargo islandais, direction Reykjavik.
Le grand départ a lieu le 19 juillet. Les réserves d’eau à bord ne sont que de 5 litres par bateau, compte tenu des nombreuses précipitations, par contre pour l’essence, la quantité théorique nécessaire pour chaque traversée a été multipliée par deux.
Avant de cingler vers les Féroé, il faut contourner l’Islande avec escale aux îles Vestmann. (7 bft et des creux de 3 m). Le froid sera une véritable torture tout au long du voyage.
En 12 heures, les 100 NM sont parcourus, les îles offrent un spectacle stupéfiant depuis qu’un volcan y a fait éruption. Ensuite 160 NM jusqu’à Hôfn puis on longe le plus grand glacier d’Europe. Tout est gris, le ciel, la mer et les rochers.
La plus longue traversée, 320 NM, les emmènera en 24 heures jusqu’aux Féroé.
Ensuite, cap sur les Shetland, 14 heures de mer sans trop de problèmes.
Dernière étape Bergen. Après un départ chahuté dû à des rencontres de courants, et sous une pluie incessante, ils rallient Bergen après avoir parcouru 210 NM.

 

 

1976 Fondation du Belgian Pneumaticlub
Dans le cadre de son projet prévu pour 1977, Michel crée le Belgian Pneumaticlub…
Son but : encourager la navigation de plaisance en bateaux pneumatiques. Il avait également pour fonction de peser sur les sponsors devant aider à la réalisation des ambitieux objectifs de son président.

 

1977 Singapour – Australie
Après avoir fondé le BPC, une autre aventure est mise sur pied : Singapour – Australie, un voyage qu’il relate avec talent dans un livre passionnant, « Le soleil dans le dos ». 6 000 kilomètres emportant le « Berani » (« courageux » en malais) et le « Selamat » (« bon » dans la même langue) dans une expédition où bateaux et équipages iront au-delà de leurs limites.
Impossible de vous compter par le détail pareille aventure, il faut impérativement lire son bouquin dont les qualités ne résident pas seulement dans la narration mais aussi dans l’écriture, chose rare dans ce genre de littérature.

Cette fois, il bénéficie d’un sponsoring important : Zodiac, Johnson, Fina, la KLM entre autres, l’assistent.
Quelques anecdotes méritent le détour… Les bateaux mis à sa disposition par Zodiac ont servi à des tests… de tir au mortier ! Ce qui entraînera la perte de Berani, usé jusqu’à la corde, le fond déchiré sur plus de 80 cm, il est abandonné sur une île indonésienne après avoir tout tenté pour le sauver et attendu vainement un secours de l’Europe.
Il partage cette aventure avec ses coéquipiers de « Islande Norvège » mais également avec Francine De Boeck seule femme de l’équipe, toujours membre du Club.
L’épopée est une succession d’avatars et de problèmes auxquels ils doivent faire face, le côté tatillon des autorités, un tremblement de terre, j’en passe et des meilleures. Sélamat arrivera seul à Darwin en Australie. Pour la circonstance, Michel enfilera un pantalon propre, une chemise et une cravate précieusement conservées au sec.

 

 

A la voile…
Le « Berani II », un voilier qui en sait long sur le monde… M. de Hemptinne veut avoir absolument une image personnelle du monde, pas celle que l’on veut bien nous montrer. Il veut avoir la confirmation de ce qu’il ressent confusément en lui. Ses deux voyages l’entraînent ainsi dans une longue descente au cœur de l’humanité. Les Iles du Cap Vert, l’Afrique du Sud, le Brésil seront autant d’étapes révélatrices.
La route qu’emprunte Berani est assez classique, seule la durée des escales et la démarche intellectuelle sortent du commun.
Durant son tour du monde, Michel donne occasionnellement de ses nouvelles par le biais de courriers adressés à José Goffinet, le secrétaire de l’époque.
Le second tour du monde dure trois ans. Il connaît un pic émotionnel intense en Indonésie, à Alor où 20 ans auparavant Michel avait dû abandonner son Zodiac. La fin de son Berani était une cicatrice restée aussi béante dans son cœur que la déchirure qui avait achevé le bateau. Croisant dans les parages, il ne peut s’empêcher de revenir hanter ces lieux. S’enquérant auprès du nouveau « harbourmaster », il n’imagine pas une seconde ce qu’il va vivre : on extirpe du fond d’un placard la carcasse de ce qui fut son moteur Johnson avant de lui indiquer, à l’extérieur, l’endroit, marqué par une petite stèle, où la population avait enfoui son bateau, touchée par le chagrin de cet homme qui venait de perdre un véritable compagnon.

Michel avait encore animé une soirée au Club et en 2004, nous avait retrouvés pour un banquet annuel.
Il a vécu ses dernières années sur son bateau à Nieuport où quelques-uns du Club sont allés lui rendre visite jusqu’au moment où, la maladie gagnant du terrain, il a dû retrouver la terre ferme.
Il s’est éteint le lundi 20 août 2007.

Mais il est toujours présent parmi nous par le biais du prix qui porte son nom.
Il est attribué au candidat qui, au cours de l’année écoulée, a accompli une ou plusieurs prestations particulièrement remarquables en rapport avec la navigation en bateau pneumatique ou la navigation en général.

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